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Parce que cette année est en tout point différente des précédentes, je reviens cette semaine sur la saison de Novak. Vraiment à part, elle est à classer dans un autre registre que les précédentes…
🔘 Chapitre 2 : Préparer sa terre pour semer du gazon
PARTIE III
Tout va très vite en ce moment dans la vie de Djokovic, voire trop vite. Cette année Wimbledon a lieu seulement deux semaines après les Internationaux de France. Pour une préparation idéale sur herbe, on repassera…
Le Serbe, qui éprouve toujours le besoin de souffler et de se retrouver en famille après un Grand Chelem, va innover cette année. A quelques jours de Wimbledon, Nole a décidé d’amener toute sa petite famille à l’ATP 250 de Majorque.
A la surprise générale, il est associé en double avec Carlos Gomez-Herrera, 200ème joueur mondial de double. Pas de simple prévu pour le n°1 mondial. Novak est venu se ressourcer, prendre quelques repères et surtout décompresser avec ses enfants…
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Malgré tout, Djokovic va profiter de la présence sur place de certains ténors pour organiser quelques séances d’entrainement. À la veille de son entrée en lice en double, D. Thiem servira notamment de "sparring partner" de luxe pour le Serbe.
Ce tournoi de double sera une franche réussite pour Novak. Après trois victoires en trois jours, la paire Djokovic - Gomez-Herrera atteint la finale.
«Nous ne nous attendions pas à atteindre la finale, mais nous retournons bien, nous servons très bien et nous avons un jeu vraiment solide au filet. Tout s'est formidablement bien passé pour nous deux ces derniers jours.»
Malheureusement en raison d'une blessure au pied de son partenaire Espagnol, la paire de double doit renoncer à disputer la finale du double messieurs. Pas de problème pour Nole qui a pris suffisamment d’informations sur son jeu.
Direction Wimbledon à présent pour Novak, en quête d’un 20ème titre du Grand Chelem. Un 6ème sur le gazon Londonien.
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LA grande question de cette 3ème levée du Grand Chelem est de savoir quels sont les rivaux du n°1 mondial à Londres. Impressionnant depuis le début de l’année et invaincu depuis 2017 sur ces courts, on se demande bien qui pourra venir titiller le Serbe, grandissime favori de cette édition 2021.
Pour ses débuts dans la compétition Novak se confrontera à J. Draper. A priori sans problème pour le Serbe sur le papier… Mais le manque de compétition sur herbe se fera sentir. Diesel, Djoko concède le premier set. Une première depuis 2010 en Grand Chelem.
Evidemment ça ne va pas durer bien longtemps... Le n°1 mondial, porté par une mise en jeu de plus en plus performante, déroulera son tennis pour finir en 2h de jeu. Au service, le Serbe a récolté 25 aces…
«C'est l'une de mes meilleures performances au service dont je puisse me souvenir, toutes surfaces confondues. Je ne peux pas être plus satisfait du rythme que j'avais sur ce geste. Sur gazon, ça aide évidemment beaucoup d'avoir tous ces points gratuits.»
La suite ne sera pas bien différente de ce premier match. Novak est dans une telle zone que rien ne semble le perturber. Il faut le reconnaitre, aucun joueur n’est prêt à affronter ce Djokovic. Bien trop solide. Bien trop confiant.
Une fois l’obstacle K. Anderson écarté au 2ème tour, c’est D. Kudla qui commencera à chatouiller le n°1 mondial. Chatouiller seulement car le résultat est sans appel, 3 sets 0. Un score peut être trompeur tant l’Américain réussira à déstabiliser le Serbe dans la 3ème manche. Mais trahi par son coup droit, et contrarié par les qualités de défense exceptionnelle du Djoker, il ne saisira pas les opportunités.
Voilà qui fait tout le bonheur du Serbe, qualifié pour la 13e fois en deuxième semaine au All England Club. Costaud.
Forcément, chaque victoire à Londres le rapproche du record des 20 titres en Grand Chelem de Federer et Nadal. En conférence d’après match, la curiosité d’une telle faim interroge.
«Je crois que cela vient en partie de mes gênes, de mon éducation et de la période qu'a connu mon pays dans les années 90. L'échec n'était jamais une option pour moi ou ma famille, il fallait toujours trouver un moyen d'obtenir les besoins primaires pour survivre. Cela me vient aussi d'avoir passé mon enfance dans les montagnes. J'ai passé beaucoup de temps dans les montagnes avec les loups, donc c'est une énergie de loups qui m'habite. Et je ne plaisante pas hein !»
Voilà de quoi expliquer toutes ces fois où l'on a vu Djokovic tous crocs dehors, expulsant sa rage. Un drôle d'animal, décidément ce Novak. Ses prochains adversaires sont prévenus…
C. Garin en fera les frais en huitième de finale. Sans solution, le Chilien se fait sortir en deux petites heures de jeu. La marche est trop haute. Aucun break concédé pour le n°1 mondial qui rend une copie quasi parfaite.
Le Serbe vient de se qualifier pour son douzième quart de finale à Wimbledon. Le tout en seulement seize participations.
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Avec un seul set de perdu dans ce tournoi, Nole n’a pas encore puisé dans ses réserves physiques. Ce n’est pas le cas de Marton Fucsovics, son prochain adversaire, qui vient de batailler pendant cinq sets contre Andrey Rublev.
C’est d'ailleurs l’une des nombreuses surprises de ce Wimbledon. Les leaders de la « Next Gen » ne répondent plus.
Après S. Tsitsipas au premier tour, c’est donc A. Rublev qui prend la porte. Plus tard dans la journée, ce sera au tour de A. Zverev. Après avoir vu son match interrompu et finalement reporté, D. Medvedev rejoindra l’hécatombe des favoris le lendemain. Déroutant.
Seulement trois des huit têtes de série sont qualifiées en quart de finale. Les jeunes loups veulent le pouvoir. Il leur reste bien du travail…
Et Novak n’en a que faire. Sur le Center Court, en quart de finale, la logique sera une nouvelle fois respectée. Malgré une 2ème manche un peu plus accrochée, le Serbe vient de récolter sa 100ème victoire sur gazon face à M. Fucsovics… dans le même temps, comme un symbole, Federer prenait la porte, en 3 sets secs et les espoirs d’un 21ème Grand Chelem envolés. Destins croisés ?
En conférence de presse, un journaliste, à l’air provocateur lui lancera :
"Qu’est-ce que ça fait d’être en quelque sorte « le méchant » qui court après Roger et Rafa depuis toutes ces années ?"
Le timing de la question pose question. Comme si tous les moyens étaient bons pour déstabiliser le Serbe, tellement intouchable sur les courts.
«Je ne me considère pas comme le méchant. Ceci est votre opinion personnelle. Je ne chasse personne. Je trace ma propre voie, ma propre carrière et ma propre histoire.»
Le message est passé. Place à sa demi-finale.
C’est le jeune et inexpérimenté Canadien qui se dresse sur la route des records pour Novak. Brillant cette année sur herbe l’affiche promet d’être belle.
Elle ne décevra pas en effet. Ou presque.
Pas de « Master Class » pour Novak. En tout cas, pas du point de vue strictement tennistique. Il a même bataillé dans chacun des trois sets dans cette demi-finale.
Impressionnant de réalisme sur les points importants, c’est de là qu’est venue la leçon du jour pour le Canadien. Il a servi à 5-4 pour le gain de la première manche puis a flanché. 7-6, Djokovic.
Dans le 2ème set la statistique est frappante : 0 balle de break convertie sur 5 lorsque Nole convertissait son unique occasion à 5-5… 7-5, Djokovic. Cruel.
La raison est aussi très simple et se trouve de l’autre côté du filet. Le n°1 mondial ne vous laisse pas respirer. Il ne vous donne rien. Il vous oblige sans cesse à jouer le coup de plus. Le coup de trop.
Pour une 1ère demi-finale, le Canadien ne peut s’en vouloir. Oui, il aurait sans doute mérité d'arracher au moins une manche. Mais de gagner, non.
« Shapo » sort la tête haute. En un match il vient sans doute de découvrir le très haut niveau, dans les très grands tournois…
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Avec tout ça, voilà le Serbe désormais là où il voulait être. En finale. Là où on l'attendait tous.
Là où l’attend désormais l’Histoire. L'Histoire ? La voici donc qui s'annonce, avec son grand H.
Le face-à-face entre Novak Djokovic et sa légende aura bien lieu dimanche face à Matteo Berrettini, un homme qui jouera sa première finale de Grand Chelem.
Un match, un tout petit match encore, et il empochera ce mythique 20ème Grand Chelem, celui qui lui permettrait d'égaler Roger Federer et Rafael Nadal au palmarès des joueurs les plus titrés de tous les temps.
Un match, un tout petit match encore, et il aura par ailleurs décroché les trois premières levées majeures de la saison, ce que personne n’a fait depuis Rod Laver en 1969. Une éternité.
«Remporter ce 20e titre Grand Chelem, cela signifierait absolument tout pour moi. J'espère que les spectateurs seront avec moi, car avoir la foule avec ou contre soi, ça fait quand même une grande différence. Les gens aiment voir l'outsider gagner, je le sais. Mais j'espère qu'ils sauront aussi reconnaître l'importance de ce match pour moi, et l'histoire qui va s'écrire autour... »
Comment réagira le n°1 mondial face au poids de l’Histoire ? C’est une des grandes interrogations de cette finale. Sans faire injure à l’Italien, c’est bel et bien le Serbe qui aura les clés. Dans le passé, on l’a déjà vu tendu dans de semblables circonstances notamment lorsqu’il chassait encore son premier Roland Garros à Paris…
« TIME ! ». Marija Cicak, 1ère femme à arbitrer une finale de Grand Chelem messieurs, lance les hostilités. Novak Djokovic est au service.
Il est crispé. Deux doubles fautes dans ce premier jeu et une balle de break concédé mais tout rentre dans l’ordre. 1-0. Par chance, de l’autre côté du filet, les muscles sont aussi très tendus…
Et petit à petit c’est Djokovic qui parvient à se libérer. 3-1 puis 5-2. La perspective d’une finale à sens unique pointe alors le bout de son nez.
Mais après avoir lutté pour garder son engagement, l’Italien se lance enfin dans cette finale. Son coup droit retrouve toute sa puissance et met à mal la défense de Djokovic pour un débreak imprévu quand le numéro un mondial servait pour le set à 5-4.
Plus solide dans le tie-break, chose rare face au Serbe, Berrettini empocha le premier set au bout de 70 minutes. Djokovic, amer, rejoignait sa chaise tête basse.
On commence à connaitre le phénomène. Aucune conclusion hâtive, mais on ne sent tout de même pas une incroyable sérénité chez le n°1 mondial.
Le début du 2ème set sera le moment choisi par Novak pour passer la vitesse supérieure. Il démarre la manche pied au plancher pour prendre deux breaks d’avance. Une nouvelle fois, ce ne sera pas de trop car le Serbe flanche de nouveau à 5-2. C’est en servant à 5-4 qu’il remporte enfin sa première manche dans cette finale…. OUF.
Derrière, Nole va faire la course en tête. Définitivement propulsé dans cette finale, le n°1 mondial ne perdra plus son service de la rencontre. Comme à Paris il y a 1 mois, des "Matteo ! Matteo ! Matteo !" surgissent des tribunes mais n’y changeront rien cette fois. Le Serbe a les dents qui ravagent le gazon.
Quelques instants plus tard et un slice de revers dans le filet de Berrettini, l’Histoire s’écrivait dans le Temple du tennis.
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“Unbelievable. Incredibile. Incroyable.”
Les frissons.
Voilà désormais les trois plus grands joueurs de l’histoire à 20 titres en Grand Chelem chacun. Le public est debout.
Jamais le Serbe ne s'est vraiment senti, ni n'a semblé, vu de l'extérieur, en danger durant cette quinzaine anglaise. Il n’a pas tout le temps joué son meilleur tennis mais au final, à chaque fois, il a levé les bras. Et c’est ça le plus important.
Ce titre est la récompense d’ultimes années de chasse pour le Serbe. Il n’a pas toujours été respecté et acclamé par la foule. Parfois injustement tant ce qu’il a accompli force le respect.
Qu’on l’aime ou non, tout est une question de goût, sa panoplie de champion est aujourd'hui, comme depuis dix ans, la plus complète de toutes. Et il n'y a aucune raison de penser qu'il va s'arrêter en si bon chemin...
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Ce sera moins vrai pour la suite... 👀🙃😡